Complément d'information (voir rubrique "Amélioration des conditions de vie des autochtones) :
Une occasion historique pour les droits des autochtones
Ghislain Picard, Jean-Louis Roy et Béatrice Vaugrante
La nomination de nouveaux ministres des Affaires étrangères et des Affaires indiennes et du Nord est l'occasion pour le gouvernement de
revenir sur sa position quant à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Nous faisons un appel au gouvernement
pour qu'il saisisse l'occasion historique qui s'offre à lui d'aider la communauté internationale à se doter d'un instrument reconnaissant et protégeant les droits des peuplesautochtones.
Pourquoi? Au Canada il y a encore un écart de six ans au niveau de
l'espérance de vie des autochtones. Les peuples autochtones
continuent d'être surreprésentés parmi les pauvres. Leurs territoires sont convoités par les entreprises transnationales d'exploitation des ressources naturelles et des peuples entiers sont menacés de disparition à court ou à moyen terme.
En Colombie, à cause de l'effet combiné du conflit armé et de
l'exploitation des ressources, des peuples entiers sont menacés de
disparition à court ou à moyen terme. Le Rapporteur spécial des
Nations Unies sur les droits humains et libertés fondamentales des
populations autochtones, a considéré la situation suffisamment grave pour que la question soit abordée par le mécanisme de prévention des génocides.
L'appui du Canada est important. Le Canada a été le seul pays avec
la Fédération de Russie à voter contre la Déclaration au Conseil des droits de l'homme (la Déclaration a été adoptéeen juin 2006 par un vote de 30 contre 2). De plus, avec la collaboration de six autres pays (Australie, Nouvelle-Zélande, Colombie, Surinam,Guyana, Fédération de Russie), le Canada a soumis, en juillet2007, au représentant de la Présidente de l'Assembléegénérale des Nations Unies, l'ambassadeur Davide des Philippines,neuf thèmes sur lesquels il veut que le texte soit rouvert
(incluant l'autodétermination qui ne constituait pourtant pas un
problème pour le Canada).
Il serait plus constructif pour le Canada de suivre l'exemple de pays
qui appuient les peuples autochtones vivant sur leur territoire, comme
la Norvège, le Mexique, le Guatemala, la Bolivie ou le Danemark et
qui endossent clairement la Déclaration.
Le Canada doit être fidèle à sa tradition de défenseur des droits humains, à son devoir de consulter les représentants des autochtones au Canada et à l'obligation d'être sensible à lasituation des milliers de peuples qui luttent pour leur survie.
Notons qu'il y a un consensus en faveur de la Déclaration au Canada
parmi les organisations autochtones, les organisations de droits humains, la coalition des Églises Kairos et trois partis qui représentent la majorité des députés à la Chambre descommunes.
En changeant de position, le gouvernement actuel peut laisser une trace
positive pour le sort des 350 millions d'autochtones du monde plutôt
que de compromettre la naissance d'un instrument essentiel pour les
droits humains.
*les auteurs sont respectivement Chef régional de l'Assemblée des
Premières Nations, Québec/Labrador; Président, Droits et
Démocratie et Directrice générale, Amnistie internationale,
section canadienne francopho