Rencontre avec Toundra.... année 2006

PAR MAMYLOU

INTRO:"Petite info....Toundra la louve de la pub habite dans le Var à côté du Castellet

Le 22 mars à 10h30 Cpat, Louvalp, moi même et ceux qui voudront ce joindre à nous allons rencontrer les personnes qui s'occupent de Toundra, .

Nous allons à l'issue de la rencontre restituer l'interview intégrale sur Wolfeyes et faire un article qui sera dans la meute. (les deux en liens, bien évidemment). Une restitution neutre autant que faire pourra, juste ce que nos aurons vu et entendu".



Voici l'interview, vue et revue.....

Brièvement pouvez vous nous raconter votre parcours, pourquoi le loup "faites vous ça par amour des loups ou bien avez vous choisi cet animal par un fait du hasard, comme vous auriez pu choisir de dresser des chevaux, ou des mygales?"? :
– Avant je dressais des fauves, des tigres en particulier.
En travaillant pour des gars on voulait monter un spectacle avec des loups, mais les autres dresseurs disaient que c’était un animal trop peureux et craintif, et qu’il valait mieux mettre des chiens. Bon alors les bergers allemands, c’est bien gentil mais… c’est pas des loups, quelqu’un qui s’y connaît, verrait la différence. C’est un peut un défit qu’on s’est lancé, et on est parvenu à obtenir des résultats.
Et puis j’ai eu la chance de travailler avec Thierry Leportier (http://www.thierry-leportier.com/ ) qui a dressé les deux premiers loups, pour le film « L’arbre de noël ».
Cela fait douze ans que je m’occupe de loups
Voir un film à la télévision c’est très bien, c’est bien fait, c’est préparé… mais ça pas le même impact que si vous avez un vrai loup à 2 m de vous et parfois la chance de passer la main dans la fourrure. Les gens qui passent un heure ou 2 avec nous, repartent avec une autre idée que celle qu’ils ont pu avoir en regardant des films.
On a des accompagnateurs qui expliquent le vie du loup dans la nature, bon c’est vrai que ceux là on a faussé un peu le "mécanisme" parce que de toute façon ils sont nés en captivité depuis des générations, mais c’est la seule façon de dire « j’avais un loup, il était à 3 m de moi, et c’est pas si méchant qu’on le dit »
Moi j’ai fait ma sieste au milieu des loups, il y en jamais un qui a essayé de m’attaquer ou quoi.


*Comment avez vous pu avoir votre premier loup?
– c’est parce que j’ai rencontré un monsieur, dont vous avez déjà entendu parlé, que j’ai eu mes premiers loups. J’en ai quatre qui viennent de chez lui, Toundra, Bip, Venus et Douchka. En ce moment, il y a 22 loups, deux hybrides malamute/loup et des Saarloos et CLT.

*Comment avez vous obtenus votre certificat de capacité?
– Comme tous ceux qui l’ont passé, devant une commission après avoir déposé et présenté mon dossier. Les contrôles sont d’ailleurs réguliers (DSV, ONCF…). Ils sont attentifs aux problèmes qu’on peut rencontrer et souvent à côté de cet aspect de contrôle, ils apportent un véritable partenariat, et il "arrondissent un peu les angles" parfois quand la réglementation du ministère est vraiment trop contraignante ou aberrante.
Moi j’ai eu la chance d’avoir déjà des loups avant de le passer, mais sinon maintenant il faut 5 ans d’expérience dans un parc, puis préparer son dossier, ce qui prend environ un an, et après on passe devant la commission.


l'imprégnation

*les bébés vous les prenez à quel âge et où? :
– Nous les prenons à une semaines en gros. Ils arrivent parfois suite une contraception manquée, une louve qui va avoir des chaleurs plus tôt ou de zoo qui ne peuvent pas les garder. Nous avons aussi un couple reproducteur
* quelle méthode
– pris en charge par une personne, qui les nourrit au biberon et les manipule, caresses, promenades, jeux….elle est le référent, le dominant.
*la remise en meute
– elle se fait vers les 5/6 mois des louveteaux, et ils sont toujours confiés à une vieille louve, en général Toundra, qui fait leur éducation.
*la hiérarchie comment se joue t elle alors qu'il n'y a pas de possibilité de fuite?
– elle se fait toujours, il y a rarement eu des problèmes. Comme nous sommes 24/24h avec eux, nous intervenons et les séparons. Il y a des affinités qui se trouvent, le loup pas toléré dans l’enclos x, le sera dans l’enclos y. Les louves sont entre elles beaucoup plus dures que les mâles, c’est le constat que j’ai fait, elle risqueraient de se battre à mort, contrairement aux mâles qui font soumission pour mettre fin au combat.


Le quotidien des loups

*taille des enclos et tanières :
120, 140 m2 en moyenne
On est obligé d’être très prés d’eux, alors si on les mets dans un enclot qui fait un hectare ou deux on va passer la journée à en récupérer un, parce que pour lui sa va être un jeu de nous faire courir.
Et puis le fait de les sortir, de les faire travailler, c’est pas comme s’ils restaient tout le temps enfermé dans leur enclos.

Le sol des tanières n’est jamais bétonné, elle sont « aménagées » par les loups eux-mêmes. Les femelles y vont souvent, les mâles restent plutôt dehors.

*pointsd'eau :
– tous en ont, parfois rustiques mais contrôlés au quotidien, ils ont aussi de quoi se baigner et une tanière.
*nourrissage : fréquence- coût- approvisionnement etc. :
– Environ 1.5 - 2 kg de viande par loup et tous les deux jours. Quand les loups « travaillent », ils jeûnent deux ou trois jours avant, pour être plus réceptifs.
Nous sommes une association loi 1901. Nous achetons de la viande, mais nous avons aussi une ferme avicole et un supermarché qui nous donnent les invendus.
*sortie des loups, où, comment, fréquence :
– sortie quotidienne, pas possible de les lâcher, on leur met un collier et une longe, la plus longue possible.
*Ce sont des animaux de meutes? N'avez vous pas eu de problèmes? Cela ne vous gêne pas de les faire vivre autrement?
– On les laisse en meute, même petites, elles existent.
Par contre ont ne va pas mettre certaines femelles ensemble, sinon c’est la bagarre.



le dressage

*les moyens utilisés :
– aucun instrument tel que fouet, bâton ou perche comme on en utilise avec les fauves. Avec les loups, c’est leur caractère curieux, qui nous aide, leur esprit joueur et l’imprégnation qui permettent d’obtenir un résultat. Il y a aussi les récompenses, « la gamelle ». Comme vous avez pu le voir dans les parcs lors des visites guidées, les loups s’approchent parce qu’ils savent que le guide va leur donner croquettes ou morceaux de viande. Dresser un loup… on peut pas dire qu’on dresse un loup, on va l’apprivoiser mais c’est pas dresser comme on va dresser un cheval ou un chien. Le loup est très indépendant et… il va le faire pour nous faire plaisir parce que on lui a montrés par étapes… mais si je reviens un mois après et que je lui demande de refaire la même chose, il ne le refera pas.
On peut pas dire que c’est dressé comme un chien, on sent que sa reste un animal qui reste sauvage même s’il est imprégné.
On est sûr qu’a 80%, après il faut croiser les doigts pour que ça marche.

Je me suis aperçu que les loups européens étaient plus difficiles à travailler que le loup canadien, peut être à cause du fait que les premiers furent pourchassés plus longtemps.

Là le "dressage" c’est plus par jeux, par amour, par récompense, pas comme avec les fauves où c’est beaucoup plus dur.



*le temps de travail quotidien, travail individuel, collectif?
– ça dépend des loups eux-mêmes, jamais très long, car on ne peut capter leur attention très longtemps et chaque loup a son propre seuil de tolérance.
Y en a qui sont des reproducteurs, cela on leur fiche la paix, par rapport à ceux qui vont sur les tournages ou dans les écoles. Alors il sont, on peut pas dire sauvage, mais on les touche pas, alors ils sont un peut plus craintifs et méfiants.

C’est un animal qui se lasse très vite. Au réalisateur je dis toujours que les deux trois première prises seront les meilleures, après on « perd » l’animal. Lors du tournage de "Le pacte des loups" à la cinquième prise d’une scène, Toundra en a eu "marre" et elle s’est sauvée, il a fallu une heure et demi pour la récupérer.

A La louverie on les fait sortir tous les jours.
Y a des fois on les sort mais sans vraiment les faire travailler, sans but précis, mais pour eux c’est comme s’ils travaillaient.

* quel pouvoir vous avez face à un réalisateur, est ce que vous êtes écouté ?
- Oui, en général ils écoutent, pour ça ils nous font confiance. Ils le savent que c’est difficile de travailler avec ces animaux là.



le travail

*le stress comment le gérez vous sur le site et pendant le transport? Quel temps limite sur le tournage pour l'éviter..si on peut, le transport quelle conditions?
– Il y a toujours du stress, mais nous essayons de le réduire au maximum, en n’acceptant que de courtes prises de vue et surtout en expliquant au réalisateur qu’il faut s’arrêter. Un prise de vue dure environ une ou deux minutes.
On a un camion et il y a les cages. Au début, on sent que le transport les gêne, comme pour un chien, ils bavent, puis ils s’y habituent peu à peu.
Je ne veux pas leur donner de médicament parce que cela les abrutit, et puis ils ne s’habitueraient pas au voyage comme ça !
On ne les met pas d’emblée sur un long voyage, on les accoutume par des petits trajets. Le camion est aménagé de telle sorte, que je les vois et les entend, et eux aussi me voient. Même si l’odeur est parfois un peu forte (la nature ayant ses exigences) je préfère cette solution.

*Vous n’êtes pas sans ignorer qu’un certains nombre de défenseurs du loup n’aiment pas ce que vous faites, voir même détestent ceux qui utilisent des loups pour le cinéma et la télévision comme vous. Comme ressentez vous cela ? Et qu’avez-vous à dire à ces personnes ? Au quotidien que faites vous pour ceux qui sont en liberté et qui risquent d'en mourir?
– je dirais, que je trouve dommage qu’on juge et accuse sans connaître. Je crois que ce que je fais permet de faire changer aussi l’image du loup, de permettre de mieux le comprendre. L’enfant de l’école, qui a sa photo au côté de Toundra, la montrera et elle figurera dans les albums de famille. Cette photo viendra contredire l’histoire du petit Chaperon Rouge mieux que tous les beaux discours. Au quotidien, je fais des informations dans les écoles et je les accueille aussi sur le site. Ici, nous ne demandons pas d’argent, chacun laisse ce qu’il veut s’il le souhaite.
J’ai été mordu une fois par un loup, il m’a traversé la cuisse, mais c’est normal, j’était en train de lui prendre ses petits ! Et à deux autres reprises une des femelles m’a pris à la gorge (mais sans serrer heureusement), elle m’a fait comprendre que si elle avait voulu… mais là encore c’était de ma faute.
Mais c’est vrai que quand ça "poinçonne"… ça fait mal (rires)



*Si aujourd’hui on vous propose un tournage, ou un spectacle, dans lequel les loups seront montrés comme des créatures "méchantes", sanguinaires, tueuses d’homme, etc. Est-ce que vous accepteriez ?
Est-ce que vous recevez souvent ce genre de propositions ? Et si oui, est ce que vous essayer d’informer les personnes qui vous font cette demande sur la vrai nature du loup ?
Par le passé, avez-vous déjà fait ce genre de tournage ou de spectacle ? Et si oui, le regrettez-vous aujourd’hui ?
– On ne peut pas demander à un loup de se comporter ainsi. Il ne le fait pas. Dans les films, les scènes dont vous parlez sont faites avec des hybrides.
La tendance à montrer le loup sanguinaire au cinéma et dans la pub tend à disparaître et c’est tant mieux. Ca montre que, peu à peu, la demande change…Il restera toujours des films d’horreur où hommes et animaux seront utilisés.

*Si vous avez des contacts avec d’autres personnes qui font eux aussi des tournages ou des spectacle avec des loups, est-ce que vous essayez de les dissuader de faire ce genre de chose (de donner un mauvaise image du loup) ? Est-ce que vous agissez auprès des autres "dresseurs de loups" afin de les convaincre de faire eux aussi de la pédagogie comme vous le faite, et de ne pas seulement "utiliser" leurs animaux ?
– Les gens qui critiquent sans savoir, sans venir discuter, sans avoir mis le doigt dessus, c’est bête, c’est idiot parce qu’ils se font une fausse image.
Ceux qui sont nés en captivité, n’ont jamais connu la liberté, les relâcher dans la nature ce ne serait pas leur rendre service, ils se feraient massacrer.
Maintenant pour conserver ceux qui sont en liberté… les ambassadeurs qui sont là, font voir au gens qu’ils ne sont pas des monstres.
les contacts sont assez rares, trop à mon goût, car souvent la notion de concurrence rentre en ligne de compte. Oui, j’aimerais agir pour le côté pédagogique soit plus important, essentiel. J’aimerais qu’on puisse se réunir régulièrement pour mettre en commun nos observations sur les comportements des loups qui sont chez nous, que ce soit utile, pour le bien des loups captifs mais pour ceux qui sont en liberté. Personne ne peut dire, je sais. J’ai des loups ici captifs, mais je pense que le loup doit être présent sur le territoire et libre. Les loups de la Louverie sont peut être leurs ambassadeurs.

Mais c’est vrai qu’ils en y a qui se servent du loup comme d’un instrument, ce qui ne veux pas dire que les animaux ne seront pas bien traité, mais il le font que pour le cinéma, et n’ont pas la même optique, ils ne souhaite pas faire de pédagogie comme moi.